Rousinov, une charmante ville tchèque, autrefois réputée pour son calme et ses paysages naturels, est désormais au centre de l’attention. Connue sous le surnom de « la ville endormie », elle s’apprête à jouer un rôle crucial dans l’industrie des semi-conducteurs, un secteur stratégique pour l’Europe.
Une nouvelle ère pour Rousinov 
En juin 2024, ON Semiconductor Corp, un géant américain de la technologie, a annoncé un investissement de 2 milliards de dollars pour établir un centre de production à Rousinov. Ce projet, le plus grand investissement étranger en République tchèque depuis 30 ans, a bouleversé la tranquillité de la ville. L’arrivée de cette usine attire désormais promoteurs immobiliers, universitaires et fonctionnaires, tous curieux de voir l’impact économique de cette initiative.
Cet investissement est stratégique non seulement pour l’économie tchèque mais aussi pour l’Europe, dans le cadre de sa quête d’indépendance technologique vis-à-vis des semi-conducteurs. Avec la pénurie mondiale actuelle, sécuriser une production locale devient crucial pour le continent.
Les ambitions d’ON Semiconductor 
Malgré un investissement qui semble modeste face à d’autres projets européens, ON Semiconductor a déjà une solide présence dans la région. L’entreprise produit des puces pour véhicules électriques et énergies renouvelables, et cette nouvelle usine vise à développer des semi-conducteurs avancés à base de carbure de silicium, un matériau très prisé dans l’industrie.
Toutes les étapes de fabrication seront centralisées sur ce nouveau site, alors qu’auparavant la production était répartie sur trois continents. En parallèle, ON Semiconductor est en discussion avec le gouvernement tchèque et l’Union européenne pour obtenir des subventions couvrant jusqu’à 25 % du coût du projet.
Défis et opportunités pour la ville de Rousinov 
Avec une population de seulement 16 000 habitants, Rousinov fait face à des défis logistiques de taille. Le maire, Jan Kusira, a d’ailleurs annoncé la construction de 300 à 400 nouveaux logements et l’injection de 85 millions de dollars dans les infrastructures locales.
Malgré ces défis, l’usine est perçue comme une aubaine pour l’économie locale. Le ministre tchèque de l’Industrie, Jozef Sikela, a salué ce projet comme essentiel pour réduire la dépendance de l’Europe aux importations de composants critiques.
L’Europe dans une course mondiale 
Alors que Rousinov se transforme, d’autres régions européennes luttent pour rester compétitives. Ostrava, par exemple, subit le déclin de ses industries du charbon et de l’acier. En comparaison, des pays comme la Pologne et la Hongrie s’imposent en tant que hubs technologiques avec des projets d’envergure dans les batteries pour véhicules électriques.
Un passé à capitaliser 
Rousinov n’en est pas à son premier essai dans les semi-conducteurs. La ville a déjà une longue histoire dans la production de technologies, héritée de la guerre froide avec l’enseigne Tesla Roznov. Cette expertise, couplée à une position géographique stratégique, permet aujourd’hui à la ville d’accéder facilement à des marchés comme l’Allemagne et l’Autriche.
Rousinov, l’avenir des semi-conducteurs en Europe ? 
Avec l’arrivée d’ON Semiconductor, Rousinov pourrait bien devenir un acteur clé dans la bataille mondiale des semi-conducteurs. Soutenue par une main-d’œuvre qualifiée et un emplacement stratégique, cette « ville endormie » pourrait réveiller toute l’Europe technologique. Ce projet représente un pas crucial vers l’autonomie et la compétitivité européenne dans un secteur aussi vital.
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